Peu importe la présence de chefs d’Etat plus ou moins respectueux des libertés dans leurs propres pays. Dimanche nous avons marché pour le respect de la vie humaine, de la sécurité publique et des libertés fondamentales.

Nous étions très nombreux, divers, calmes et déterminés. Nous avons porté une exigence de paix – aucun message de haine, aucune déclaration de guerre – et de Liberté : liberté d’expression et liberté d’être tout simplement ce que l’on a décidé d’être !

Les multiples pancartes déclarant « Je suis Charlie », « Je suis policier », « Je suis musulman », « Je suis juif », « Je suis journaliste »… témoignaient de cette exigence du respect de l’autre. Et parmi ceux qui les brandissaient, beaucoup, certainement, n’ont pas de religion !

Tous exigent que cesse la violence : crimes contre les journalistes, les policiers, crimes

antisémites, mais aussi violences contre les musulmans.

A la revendication et au droit d’être ce que l’on a décidé d’être dans une société démocratique, la République répond par la citoyenneté : Tous citoyens, tous égaux en droit, tous solidaires. La République n’est pas la juxtaposition de communautés ayant des droits, elle les transcende – communautés et individus – dans un projet commun.

Nous savons que la minute de silence dans nos établissements a fait l’objet de diverses réceptions de la part de nos élèves qui n’adhèrent pas tous à ce projet égalitaire et républicain. Nous disons que l’Ecole ne peut pas donner de signes de faiblesse et doit rester ferme sur la ligne de la laïcité en signifiant clairement à ces élèves et à leur famille qu’elle ne transigera pas sur la liberté d’expression, y compris celle de blasphémer.

Nous devons faire comprendre à nos élèves que la loi de la République est au-dessus des règles communautaires. En refusant ce principe laïque élémentaire, ils s’excluent de la

République garante des libertés y compris la liberté de culte.

La question se pose maintenant de savoir comment l’institution peut répondre de manière efficace aux collègues souvent démunis face à cette situation (temps de réflexion, accompagnement humain…) ; un lien sur eduscol ne suffira pas.

Tout cela risque cependant de ne pas être suffisant car ce rappel des principes restera pour beaucoup d’élèves une pure abstraction s’ils ne voient pas la République en acte.

Nous ne pouvons que partager les propos de notre ministre lorsqu’elle affirme que « Le problème de l’école française n’est plus celui de la transmission des valeurs républicaines. C’est celui de leur crédibilité ».

Comment parler de liberté quand de plus en plus de personnes vivent dans l’insécurité sociale, dans l’angoisse de ce que sera le lendemain ?

Comment parler d’égalité dans une société où la politique de la ville aboutit à parquer toute une partie de la population dans des quartiers laissés à l’abandon, quand la parole de chacun n’a pas la même valeur ?

Comment parler de fraternité dans une société où l’économie a pris le pas sur le politique et détruit tout ce qui n’est pas « rentable » au détriment des plus démunis ?

Comment lutter contre les ressentiments, les haines, les divisions, quand chaque jour nous montre l’image d’une classe politique qui stigmatise telle ou telle partie de la population, une classe politique qui n’a pas compris que la vertu s’enseigne par l’exemple ?

Au moment où certains militent pour un discours guerrier, il est urgent de réaffirmer notre volonté de vivre ensemble et d’agir concrètement pour que vivent nos valeurs de solidarité.

S’il faut refuser les discours qui tendraient à rendre l’Ecole seule responsable, elle a aussi son rôle à jouer. Il est temps de mettre en oeuvre une réforme profonde de notre système d’Education afin de promouvoir l’égalité, combattre les injustices, d’où qu’elles viennent, donner aux jeunes des perspectives personnelles et plus de sens à l’engagement collectif.

C’est la tâche qui nous attend maintenant.